Il était un homme au service de ceux qui venaient le voir, il se considérait abordable et disponible. Il était prêt pour écouter les doléances de ceux qui osaient l’approcher pour faire ce qui est de son possible sans le montrer ni attendre une quelconque

Arav Awaqur, comme on l’appelait ailleurs, était un homme extra-ordinaire par sa simplicité, sa discrétion et sa modestie dans une Algérie où l’ordinaire était la course au pouvoir et la recherche de gloire. Dans ce même monde, il avait les qualités rares et exceptionnelles de probité, d’intégrité et d’honnêteté pour un homme qui pouvait s’offrir ce qu’il voulait, dans l’Algérie indépendante. Ses qualités étaient plus reconnues à l’extérieur que parmi les siens, Iwaquren. Il était incompris par ses contemporains Iwaquren qui n’osaient pas l’approcher, il ne rentrait pas dans le prisme ‘Awaqur’ ou d’homme puissant ordinaire’. Sa réserve naturelle ou sa nature blessée avaient donné de lui une image d’un homme dissipé et ailleurs. Arav Ath Oulaïd se protégeait et cachait sa timidité derrière une attitude défensive qui pouvait être interprétée comme de la distance. Sa culture, son éducation et son mutisme sur ‘le soi et l’égo’ ont fait qu’on avait presque oublié son passage par le couloir de la mort et par la ‘même salle d’attente’ d’exécution que Ahmed ZEBANA dont chaque algérien connait le sort qui lui a été réservé, premier martyr GUILLOTINE en Algérie. Il avait échappé à la mort, sentence prononcée par la France de Bigeard et de Aussaresses.
D’après ses enfants, ‘sa grâce a été obtenue suite à une menace du FLN d’exécuter des jeunes soldats français si Arav HAMRAOUI était exécuté. Une fédération de la Seine, région parisienne, avait fait une demande de grâce au président Charles de Gaulle, relayée par des centaines de pétitions. Dans l’armée de l’ALN, il avait combattu sur deux fronts. Le premier, contre l’armée française et un deuxième contre les hordes de Belounis (groupe de harkis) qui sévissaient dans la région 2 zone 2 wilaya 3. Tous ses faits, inconnus de beaucoup d’entre nous, sont contenus dans plusieurs témoignages dont celui du secrétaire général des anciens moudjahidines. Il avait passé sept années de prison sous la tortue atroce qui lui a laissé un traumatisme psychologique irréversible’.
Le ton et le timbre de sa voix discret ; son élocution toujours à voix basse montraient une personnalité sans calcul et désintéressée de la matérialité des choses . Quand il parlait, il donnait l’impression qu’il ne voulait pas qu’on l’entende ou si on l’entendait, il fallait comprendre et prendre ce qu’il raconte comme un avis à écouter ou à classer. Il n’imposait pas son point de vue, il le partageait. Il n’était pas homme de débat et de circonvolutions ; du ‘serrage des mains’ et des embrassades de façade. Il était un homme de devoir. Il pensait, qu’après être passé par le couloir de la mort, il n’avait pas de temps à ‘gaspiller’ dans ‘la politique’ du ‘m’as-tu vu’ ou du ‘pousse toi que je m’y mette’. Les quelques rares personnes, qu’il côtoyait, étaient des petites gens modestes loin du monde de mondanités et de la nouvelle bourgeoisie naissante algérienne et ‘Waqurienne’.
Il avait occupé des postes qu’on lui avait réservés ou demandés d’occuper ; sans jamais avoir été pris en conflit d’intérêts ou de favoritisme de ses enfants ou proches parents. Il était conscient de la puissance et de l’impact de son histoire qu’il n’exhibait jamais et qu’il n’évoquait pas dans ses discussions rares en public. En parlait-il avec à ses enfants ? Ses enfants disent qu’il était très discret et silencieux sur son passé. 3ami Arav n’avait pas ‘exploité’ ‘son titre de condamné à mort’ à des fins personnelles. Les postes de responsabilité éminente qu’il avait occupés ne l’ont jamais dévié de ce qu’il avait à faire, son devoir. Il devint deuxième maire de Maillot en 1966, porté et supporté par Iwaquren jusqu’à à son élection, il fit un seul mandat avant d’être nommé directeur du bureau de main-d’œuvre de Bouïra. Il ne s’était pas enrichi lors de ses mandats, il s’était éteint avec sa retraite dans sa maison de RAFFOUR parmi les siens. Il était un homme au service de ceux qui venaient le voir, il se considérait abordable et disponible. Il était prêt pour écouter les doléances de ceux qui osaient l’approcher pour faire ce qui est de son possible sans le montrer ni attendre une quelconque reconnaissance.