Iwaquren : 3arch ‘universaliste’. 1ère partie

Deux leaders nationalistes, ont marqué la révolution algérienne. Amrouche Ahmed, un des responsables de « l’Etoile Nord-Africaine », responsable du Parti du peuple algérien (PPA), mort à la prison de Berrouaghia, sous la torture en 1942. Son frère Si L’Mouloud Awaqur s’était sacrifié pour que ses camarades survivent, encerclé par les parachutistes du général Bigeard. Un condamné à mort Hamraoui Arab, co-détenu et de Ahmed Zebanna; libéré à l’indépendance.

La sensibilité de ce peuple jaloux de son identité et de son ‘honneur’, est légendaire. Iwaquren est un 3arch qui a le potentiel et les capacités d’affronter l’inconnu et l’imprévu. Cette image est vivante et louée. Plusieurs ‘faits d’armes’ témoignent de la conduite exemplaire de cette communauté dynamique, déjà à Tizimit ensuite à Taddart N’ljdid et Ighzer iwaquren, enfin à Raffour. A l’extérieur, on entend dire, sur eux, que du bien, très souvent. On dit qu’ils solidaires, bien élevés, respectueux d’autrui et de l’environnement dans lequel ils vivent. On dit, aussi, qu’ils sont des professionnels intègres, compétents et sérieux ; qui réussissent ce que qu’ils entreprennent. Sociables et réservés, ils gardent la distance avec les autres, par sagesse, par timidité ou par vigilance. La fréquentation abusive ne leur est pas coutumière.

Croyant à l’universalité de leurs principes et à leur respect scrupuleux, ils pensaient que le monde était à leur image, ‘les hommes de la sagesse et de la parole donnée’. Ils dessinaient un idéal fidèle aux principes et traditions de leurs ancêtres. Originaires de Tizimit, cette famille Iwaquren s’était divisée, aux alentours du IXème siècle en deux groupes. Un groupe s’était implanté à Ighzer devenu Iwaquren Ath Yeghzar. L’autre à Taddert N’lejdid, est devenu Iwaquren Ath Taddert. C’est une communauté homogène, paysanne et illettrée dans sa grande majorité. Les villes d’immigration étaient, Constantine en Algérie et Paris en France. Le niveau social était, aussi, homogène ; il n’y avait pas de ‘classes sociales’ au sens Marxiste. Deux ou trois familles ‘aisées’ se distinguaient. Deux ou trois intellectuels de la même famille honoraient le village ; ils furent les artisans de la révolution algérienne.

La gouvernance du village était assurée par un comité, Tajma3it, composé de quatre ‘délégués- sages’, hors de toute ingérence ou accointance avec les autorités administratives et publiques. La désignation des membres de ce comité était régie par des critères dignes d’intérêt. Elle s’appuie sur la probité ; l’âge, considéré comme signe de sagesse et de raison ; la considération et le respect de son ‘Adrum’, (groupe de familles de même lignée). L’aisance matérielle peut favoriser un choix, mais elle n’était pas le critère décisif. Cette méthode de désignation est toujours en vigueur. Ce comité a hérité d’un code de conduite et du ‘vivre ensemble’, oral et ancestral, qui régit la marche du village. Il est respecté et suivi à la lettre ; c’est l’unanimisme et la discipline collective. Toute dérive était sanctionnée financièrement et sans contestation. Cette ‘amende’ était moins marquante que le fait d’être ‘étiqueté’ et distingué comme ‘l’indiscipliné du village’. Ceci était un facteur de dissuasion remarquable. C’est une ‘tache indélébile’ stigmatisant la personne, qui fait honte et qui entache l’image de toute la famille. En arrière-plan, la loi religieuse sunnite était suivie sans étalage, en interférant de manière marginale sur la vie communautaire. C’est l’organisation type des villages kabyles.

A chaque période de leur existence, Iwaquren ont amalgamé les lois administratives avec les règles coutumières ancestrales. De cet ensemble harmonieux, avec la prépondérance des lois coutumières, ils tirent les idéaux qui guident leur cadre de vie et d’éducation de leurs enfants.  Les fondamentaux de la philosophie ‘Waqurienne’ peuvent constituer les chapitres de Constitution d’un pays ‘écologique politiquement’ et social comme les pays nordiques.

Ces idéaux humanistes sont d’une pureté cristalline. L’éducation et la vie sociale basées sur ces principes étaient acceptés et appliqués, par tous. Ils étaient édictés par un comité de sage soudé et respecté par la population. Ils garantissaient une harmonie et une solidarité à toute épreuve. Deux indicateurs révèlent la pertinence de ce mode d’éducation sur plusieurs générations Iwaquren. En délit de droit commun ; il n’y avait quasiment aucun détenu dans les prisons des pays où ils vivaient. Ceci reste toujours vrai, maintenant, y compris dans des pays occidentaux où certains habitent dans des Banlieues ‘chaudes’, où la délinquance et le banditisme font les unes des médias.  Dans le domaine des études, le taux de réussite au Certificat d’Etudes Primaires français de l’époque coloniale était remarquable. Déjà en 1936, il y avait 4 diplômés du certificat d’Etudes Primaires. En mille neuf cent soixante, il y avait une dizaine de lauréats. Jusqu’aux dernières années, le taux de réussite dans les études, de tout niveau, était l’un des meilleurs dans la région.

Sous la domination française, Iwaquren respectaient à lettre et dans l’esprit les lois pour éviter tout ennui inutile lors de leurs déplacements dans les villes où l’administration et l’armée françaises sont présentes et répressives. Quant à la vie dans le village de Taddart Nlejdid; elle était régie par le code de Tajma3it en vigueur. Les lois françaises n’avaient pas le droit de citer. Leurs convictions de patriotisme n’ont jamais varié. Leur engagement avec les combattants nationaux n’a jamais fait défaut. Cette communauté avait ‘enfanté’ des femmes et des hommes courageux et héroïques, elle s’était construite sur la conscience du devoir, n’exigeant aucun droit.

Deux leaders nationalistes, ont marqué la révolution algérienne. Amrouche Ahmed, un des responsables de « l’Etoile Nord-Africaine », responsable du Parti du peuple algérien (PPA), avait été incarcéré à Constantine et dans la tristement célèbre prison Barberousse. Il avait succombé à la prison de Berrouaghia, sous la torture en mille neuf cents quarante-deux. Son frère Si L’Mouloud Awaqur s’était sacrifié pour que ses camarades survivent, encerclé par les parachutistes du général Bigeard. Il avait réussi à sauver le maximum de ses fidèles compagnons au prix de sa vie, en se sacrifiant pour protéger leur retraite. Il était un compagnon de Amirouche et d’autres grandes figures de la guerre d’Algérie. Sur une population de quelques centaines d’âmes que comptait Taddart N Ljdid, 44 combattants, dont la majorité avait moins de trente ans, avaient donné leur vie pour libérer leur patrie. Chose rare voire unique dans les annales de la guerre de libération, il n’y a eu aucun collaborateur dans ses rangs, appelé en ‘kabyle Aharki ou AGOUMI’. 

Cette fidélité sans faille à la révolution algérienne, a rendu Taddert Ldejdid, base de repos et de transit de Amirouche, Krim Belkacem, Ouamrane, Benkhedda, Mohamedi Saïd et de leurs troupes de la wilaya III. Ils réservaient leur halte à Iwaquren pour ‘enlever leurs chaussures’ et se détendre le temps d’un repas, étant assurés d’une protection infaillible. La surveillance des Iwaquren était un gage de sécurité absolue. 

Ce ‘peuple’ déporté n’a pas eu droit à la reconstruction de son village détruit. Iwaquren n’ont eu, que récemment, l’acte de propriété des terrains sur lesquels sont construites leurs maisons, à Raffour. Soit, soixante-cinq ans après leur déportation. ‘Ce peuple’, fier de son histoire, de son nationalisme et de son patriotisme chevillé au corps, avait fait, son devoir. A l’indépendance, Iwaquren n’ont pas squatté les maisons abandonnées par les harkis et les français. Ils ne se sont pas octroyés des terres des colons. Ils n’ont pas pillé les magasins. L’indépendance pour laquelle ils se sont engagés est la récompense attendue. Ils pensaient qu’ils ont rempli leur contrat avec leur pays. Ils n’avaient rien d’autre à demander en contrepartie.  En mille neuf cent soixante-deux, juste après l’indépendance, une délégation menée conduite par Krim Belakacem s’était rendue à Taddart N’Ljdoud pour rendre hommage à ses martyrs et à la population suppliciée.

Saïd HAMICHI

Pour plus de précision sur les principaux événements de la guerre de libération, je vous conseille de lire le post publié par Saïd Mejdoub le 30 octobre 2022 sur Facebook.

3 commentaires sur « Iwaquren : 3arch ‘universaliste’. 1ère partie »

  1. MERCI SAID. TOUJOURS RAVI DE LIRE TES ECRITS OU ON TROUVE INFORMATION, PRECISION ET NIVEAU. IL EST DOMMAGE QUE NI MOI NI TOI N’AVIONS REUSSI A ATTIRER DU MONDE, AU MOINS CELUI DES LETTRES, A PARTICIPER A LA MISE EN VALEUR DU VECU DES IWAQUREN, DE LEURS SPECIFICITES ET DE LEURS REALISATIONS. COMME TU LE SAIS, PLUS LE TEMPS PASSE ET PLUS LES BONS PROJETS NE TROUVENT PLUS PLACE, DU MOINS DIFFICILEMENT.
    MERCI EGALEMENT D’AVOIR FAIT REFERENCE A MA PUBLICATION SUR FB QUI DEMEURE TRES MODESTE.
    JE VOUDRAI SURTOUT TE SIGNALER UNE ERREUR D’INATTENTION DE TA PART SUR TON ARTICLE EN QUESTION. LE NOMBRE DE MARTYRS POUR TADDART EST DE 43 + 1 ET NON DE 114. 1141 ETANT LE NOMBRE POUR TOUT LE ARCH. JE SAIS QUE TU N’IGNORES PAS CES NOMBRES ET ESSAIES DE RECTIFIER.
    JE TE SOUHAITE D’AGREABLES MOMENTS ET AU PLAISIR DE TE REVOIR.
    NB : AU TERME DE LA COMMEMORATION DU 4 NOVEMBRE, JE TENTERAI DE FAIRE « MON » COMPTE RENDU AVEC MES ANALYSES, COMME TOUJOURS, POUR LE BIEN DE NOTRE BELLE EXISTENCE.
    AZUL FELLAK.

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      1. JE VOIS LES ERREURS DES AUTRES ET JE NE VOIS PAS LA MIENNE. AU LIEU D’ECRIRE 114 MARTYRS POUR LE ARCH, J’AI ECRIS 1141. NOTRE POPULATION N’ETAIT PAS AUSSI PEUPLEE ! EXCUSES.

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