Dans le passé proche, le jeune lycéen et étudiant, avait étudié dans des établissements scolaires et universitaires, et vécu dans des résidences dotées d’équipements sommaires et de confort minimum. Il n’y avait ni mobiliers confortables, ni bibliothèque, ni laboratoires, ni eau courante…. Ils étaient opérationnels, propres et bien entretenus, quotidiennement. L’élève, devenu étudiant,

L’éducation, seule, peut construire; alors que les moyens, seuls, ‘détruisent’.
‘Savoir être’ et ‘savoir vivre’ sont des pré-requis du savoir scientifique. Ils composent l’éducation qui était le matériau de la formation scientifique et technique, solide, du ‘lycéen du L.T.E de Dellys’. Ce lycée, comme le collège et l’université, avait pour mission d’instruire pas d’éduquer. Il ne peut se substituer aux parents pour combler leurs manquements dans l’éducation de leur progéniture. Des faits montrent que l’éducation d’un enfant prédétermine le profil de l’adulte qu’il deviendra. Eduqué, il sera responsable et conscient de ses droits et devoirs. Lâché sans valeurs et sans contraintes, le doute est permis. Des exemples vivants, de l’un et l’autre profil, sont ‘légions’.
Dans le passé proche, le jeune lycéen et étudiant, avait étudié dans des établissements scolaires et universitaires, et vécu dans des résidences dotées d’équipements sommaires et de confort minimum. Il n’y avait ni mobiliers confortables, ni bibliothèque, ni laboratoires, ni eau courante…. Ils étaient opérationnels, propres et bien entretenus, quotidiennement. L’élève, devenu étudiant, formé dans ces établissements, était responsable et d’un niveau honorable. Il avait occupé ou occupe encore des postes de professeurs et chercheurs dans les universités algériennes et occidentales. Il était, et est manager, dans des sociétés nationales et multinationales, avec talent. Il avait exercé et exerce toujours ses activités, dans des hôpitaux algériens et occidentaux où il était admis sans formalités. A l’inverse, ces dernières décennies, des universités modernes et équipées de hautes technologies, censées former la future élite dirigeante du pays, sont salies, saccagées et vandalisées, quelques semaines après leur mise en service. Les jeunes étudiants sont devenus des dirigeants d’hôpitaux insalubres et d’entreprises publiques, au bord de la faillite économique. Elles survivent grâce à l’injection de milliards de dinars de l’état. Cherchez l’erreur !
Les deux constats révèlent deux faits marquants. Ils montrent la différence d’impact des moyens sans esprit civique et de l’éducation sans moyens sur la formation de l’enfant-élève, de l’adulte-étudiant et de la femme ou l’homme citoyen. On constate, malheureusement, que les moyens ne sont ni un gage de réussite, ni une certitude de former un citoyen animé d’une conscience. On constate, par contre, que l’éducation l’est, si le jeune donnait du sien. Elle est une condition nécessaire, indispensable, mais pas suffisante. Ces constats sont indéniables. Sur un autre plan, la pédagogie et la compétence des enseignants, le constat et une analyse similaires sont très instructifs. Le lycéen du L.T.E avait eu des enseignants de langue et de culture différentes. Ils maitrisaient mal, voire très mal pour certains, la langue dans laquelle ils enseignaient, le français. Certains, n’avaient même pas les connaissances basiques dans leur, soi-disant, domaine d’expertise. Pour ne citer que quelques-uns, rappelons-nous du soviétique, Mr Stchoukine professeur de chimie, qu’on surnommait ‘chimiste livriste’ ! Il paniquait dès qu’un élève posait une question, il récitait le livre par cœur. Un autre soviétique, professeur de physique avec un bouc, dont j’ai oublié le nom, maquillait ses réponses floues et incompréhensibles sous son humour. Le couple roumain, Mr et Mme Sarbu, dont le mari, très bon mathématicien mais piètre pédagogue, ne pouvait exprimer une phrase entière correcte en français. L’algérien détaché du service national, professeur de dessin industriel, avait une solution technique ‘magique’ ‘DIR BOULONNE WA CALVITA ..’, à toute opération d’assemblage. Fort heureusement, il y’avait aussi des professeurs compétents et pédagogue, comme MM GARCIA et BELKADI du L.T.E.
Le jeune lycéen était conscient de tous les problèmes matériels, psychologiques et pédagogiques de sa formation. Il ne s’était pas plaint, cela ne se faisait pas. Il ne s’était pas découragé, il devait les enjamber car il n’avait pas le choix. ‘Il avait fait avec’, en s’efforçant de surpasser ces handicaps, parce qu’il connaissait son objectif et savait ce qu’il était venu chercher dans ce lycée. Inconsciemment, il avait compris qu’un enseignant est un facilitateur quand il est compétent et un stimulant pour chercher d’autres sources de savoir qui compensent les insuffisances de l’enseignant incompétent. Il avait trouvé le savoir chez ses camarades ou dans des livres de ceux qui ont en, quand lui n’en avait pas. L’enseignant compétent influençait et agissait positivement sur l’assimilation et la motivation de l’élève ou de l’étudiant. A l’opposé, s’il constatait que l’enseignant était insuffisant, il devait ‘s’auto-former’.
Maitrisant son destin, le cumul de l’absence ou l’insuffisance des moyens d’une part et l’insuffisance de certains enseignants d’autre part, n’avaient pas handicapé, le lycéen du L.T.E dans sa formation en Algérie ou à l’étranger. Son éducation lui avait fourni les atouts, les méthodes et les aptitudes pour compenser ses manques et progresser en environnement instable et inconfortable. Je vous livre la source de son éducation et une explication sur sa résistance et sa résilience. A chacun de forger sa conviction et d’exprimer un avis ou une critique.
Le berceau de l’éducation du lycéen du L.T.E.
Il venait d’une société illettrée où on éduquait par l’exemple. Les adultes, encadrés par un règlement qui régissait leur communauté, savaient qu’ils étaient regardés, peut-être épiés, non seulement par leurs enfants, mais aussi par tous les villageois. Leur société était rigoureuse et ‘à cheval’ sur les principes et les valeurs du ‘vivre ensemble’, tout dépassement était sanctionné. Dans cette organisation, un jeune devait écouter et contribuer utilement quand c’est nécessaire. Les hommes étaient égaux, il n’y avait pas de noblesse ou de bourgeoisie qui pouvait prétendre à un traitement de faveur. La seule distinction, visible, était le respect dû au plus âgé, une valeur ancestrale. Le jeune devait lui cédait sa place, à Tajma3it, lieu d’échange et de rassemblement des hommes, quand toutes les autres étaient occupées. Il apprenait à écouter et à se comporter en groupe et en assemblée. Dans cette place, située au centre du village, on partageait les informations et les connaissances. On s’enrichissait avec les expériences et les histoires vécues par chacun. Les intervenants livraient leurs connaissances, leurs réflexions et leurs avis sur un sujet, ‘au centre de l’assemblée’. A chacun de ‘prendre’ et de s’en servir, ou pas. En imageant les scènes de Tajma3it, les hommes partageaient leurs connaissances comme ils partageaient un repas servi dans un grand plat, coutume traditionnelle toujours présente à l’occasion de Tiwiza (volontariat social d’un village). C’était une organisation vertueuse qui tirait vers le haut.
Les échanges et les discussions se déroulaient avec ‘des codes’; ils s’opéraient avec une préséance et une hiérarchie dans la prise de la parole. Naturellement, dans une société sans instruction et sans formation académique, le savoir s’acquérait par l’âge et l’expérience. Une personne âgée connaissait plus de choses qu’un jeune, qui lui devait ‘écoute et respect’. Ceux qui parlaient et qu’on écoutait, étaient les hommes actifs. Ils étaient ouvriers, bergers, paysans; instruits rares souvent citadins et émigrés, unique fenêtre ouverte sur l’étranger. Par principe, il s’agissait d’hommes qui avaient des messages et des connaissances à diffuser et à partager. S’abstenir de communiquer, si on n’a rien à dire, était la règle implicite, partagée par tous. Chaque parole devait avoir sa place et un sens, chaque mot était pesé. Le vieux sage parlait peu. Quand il intervenait, il le faisait avec un débit lent et des mots ciselés, méthode qui assure la clarté du message et qui évite d’être interrompu, pour répéter. Dès qu’on l’entendait, on se taisait, parce qu’il prodiguait un conseil ou émettait un avis en s’appuyant sur une histoire vécue ou rapportée. Il concluait, souvent, avec un dicton pertinent qui résumait son intervention et qui marquait l’esprit.
Le paysan et le berger racontaient les faits marquants de leurs journées passées dans leurs champs, s’ils pensaient qu’ils avaient un intérêt pour les autres. Ils informaient sur les dégâts matériels causés par un sanglier sur une vigne. Ils s’enquéraient, auprès des autres, sur un étranger rencontré sur le chemin. Ils alertaient sur le tarissement d’une source d’eau. Ils demandaient de l’aide pour clôturer un champ. Ils proposaient des actions pour organiser Tiwiza. Ils rapportaient des informations sur ce qu’ils remarquaient au marché. On devisait sur des villages voisins, etc…L’émigré rapportait les nouvelles d’ailleurs et alimentait l’esprit de culture générale dans un environnement d’illettrisme. L’émigré paysan ‘formé’ dans le village devenu ouvrier sur des machines dans les usines de Renault, Peugeot, en France, apportait ‘du neuf’ et de l’inconnu. En revenant une fois tous les deux ou trois ans par bateau ou par avion, il ouvrait une fenêtre sur le monde ‘développé et moderne’. Il racontait la vie parisienne avec son métro, ses voitures, des rues animées jour et nuit, même, si lui, il vivait en marge de celui-ci. Ceci montrait que l’intérêt général était une préoccupation de chaque individu qui partageait ses connaissances et son expérience.
Cependant, deux sujets étaient, implicitement exclus des débats. On parlait rarement d’amour ou d’histoire de relations amoureuses entre deux personnes. On s’épanchait encore moins sur son amour et sa relation avec son épouse. La femme, l’autre sujet tabou, ne devait pas être effleurée, sauf pour en dire du bien sur celle qui a un âge avancé. Quand on voulait aborder une histoire vulgaire, on prenait quelques précautions. On regardait autour de soi s’il n’y a pas de proches parents ou de personnes âgées respectables ; ou des enfants à qui on intimait l’ordre ‘d’aller jouer ailleurs’. Ensuite on baissait le ton pour quasiment susurrer son histoire. Ceux qui écoutaient se taisaient et tendaient un peu plus l’oreille pour bien entendre ‘l’histoire croustillante’. Lorsqu’une personne âgée s’approchait, on se taisait et changeait carrément de sujet.
Quand ce jeune était arrivé au lycée, il avait un héritage culturel et éducatif. Il avait butinait des connaissances du paysan, de l’ouvrier, du maçon, de l’émigré, etc…Il avait lu et voyagé à travers les contes de sa mère et sa grand-mère, les histoires des anciens. Il avait appris les méthodes de prise de parole et de communication orale de ses parents et des ‘anciens du village. Le L.T.E, qui avait une renommée et une image à défendre et pérenniser, avait conçu ses programmes d’enseignement en considérant, implicitement, que l’élève admis en son sein était déjà éduqué. Le cadre pédagogique sera préservé de désagréments et de turbulence avec une telle recrue. Cet héritage était l’un des facteurs clés de succès du lycéen et une force du L.T.E dans ses résultats enviés ailleurs. Parmi les valeurs exigeantes, le respect était prépondérant. Sans cet héritage, très peu d’élèves auraient réussi dans ce lycée intransigeant; ou le lycée aurait revu son programme et ses exigences à la baisse. Ce qui n’aurait été le L.T.E que nous avions connu ni les citoyens que nous sommes devenus.
La peur, la contrainte et la revanche, le cocktail du dépassement de soi.
La famille du jeune lycéen était modeste, paysanne, ouvrière ou de père émigré ouvrier. Il s’était retrouvé dans un environnement quasiment masculin, du cuisinier jusqu’à la direction en passant par l’administration, le corps enseignant. Il y avait deux femmes, la responsable de la buanderie et la professeure de mathématiques Mme Sarbu. Les opportunités de rencontrer la gent féminine étaient rares à l’intérieur comme à l’extérieur du lycée. Aucun échange ne s’opérait en dehors de ses camarades garçons pendant les dix semaines de son séjour qui séparait les vacances. Comme dans son village, les discussions avec sur l’amour, le sexe et la femme, étaient feutrées. Ce n’est qu’en revenant parmi les siens qu’il retrouvait la mixité familiale et villageoise.
Sur les règles de vie, le règlement qui régissait le fonctionnement de l’établissement, elles étaient similaires au règlement (El kanoun) de son village. Le jeune lycéen avait retrouvé les mêmes principes d’honnêteté, de respect de l’autre et de l’environnement, de l’effort, du sérieux chez ses camarades. Son éducation facilitait son intégration dans sa nouvelle communauté de jeunes, homogène socialement, culturellement, intellectuellement, même morphologiquement. Il partageait, avec eux, le même objectif, réussir son cursus scolaire; le même idéal, servir son pays ; animé par la même soif, apprendre. La réussite était accessible à tout un chacun, sans concurrence sauvage. Elle ne dépendait que de la volonté et de l’engagement individuels.
Politiquement, il n’avait pas de culture pour le classer selon une idéologie ou une autre. Il était plutôt de tradition socialisante, compte tenu de sa condition et de ses origines sociales. Son pays avait choisi un alignement idéologique sur le socialisme collectiviste. Sur le système libéral et capitaliste, il avait très peu d’informations pour forger son opinion ; on lui inculquait qu’il était impérialiste. Cependant, quelques rares esprits éveillés sur la culture et l’identité berbères, se distinguaient mais discrètement. Toute opposition était réprimée. Le lycée, organisation institutionnelle, perpétuait l’ignorance dans le domaine. Le nombre de sujets débattus était limité, et les raisons d’avoir des divergences importantes dans les échanges étaient presque anecdotiques. Toute idée de digression ou rébellion était prohibée, publiquement. La seule fenêtre qui ouvrait sur les autres régions du pays et l’étranger, choisis par l’état, était la télévision. Elle était allumée le samedi soir de vingt heures à vingt-deux heures, pour ceux qui habitaient loin et qui ne pouvaient pas sortir. Ils étaient peu nombreux. Il restait un seul sujet de distraction et de débats, le sport et le football en particulier, qui faisait la quasi-unanimité. La majorité des férus du football était des supporters de la JSK. Certains suivaient ses performances comme le lait sur le feu.
Déjà, à l’école primaire, il étudiait sous la contrainte des parents qui lui diront toujours, tu peux mieux faire ; tu n’avais fait que ton devoir. Il avait, aussi, la crainte des instituteurs qui le surveillaient et veillaient sur son assiduité et sa persévérance en classe. Ils avaient la mission de former des enfants pour réussir, en sévissant le cas échéant. Pris en sandwich entre ‘deux peurs’, il n’avait d’autre alternative que de ne pas dévier de l’école pour vaincre la peur des parents ; et acquérir les savoirs pour vaincre celle des instituteurs. Il avait de tout temps grandi dans la discipline, le respect de l’autorité, la peur de décevoir ses parents, la peur d’échec pour lui, C’est ainsi que la peur d’échouer dans ses études, omniprésente, s’était transformée en une envie de réussir.
Il avait amené dans ‘son trousseau de valeurs’ la même volonté de réussir dans son lycée. En plus, il avait la peur de perdre la face devant ses copains qu’il avait laissés dans le village. L’échec était inenvisageable pour ses parents qui étaient sûrs de l’éducation, de la volonté et de l’engagement de leur enfant. Ils avaient confiance en l’institution à laquelle ils l’avaient confié. Et en cela, le jeune lycéen était conscient du sacrifice de ses parents. Il ne pouvait les décevoir. De même, ce jeune avait la pression involontaire des habitants de son village qui verraient mal son échec. Comment peut-il revenir au village sans réussir ses études ? Il avait la hantise de ce qu’on dira-t-on de lui. Cette préoccupation de qu’en dira-t-on, était en fait un fortifiant pour avancer et une cale pour ne pas reculer.
Les relations entre les élèves du L.T.E teintées de ‘froideur’.
Je ne trouve pas de mots précis pour qualifier les relations entre les élèves qui ont vécu ensemble pendant trois années, cinq jours sur sept, vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Le réseau tissé est inaltérable et conserve sa chaleur intacte, plusieurs dizaines d’années plus tard. Il y a, certes, une camaraderie que l’on retrouve dans tous les établissements scolaires, de l’école primaire jusqu’à l’université. Mais celle de Dellys est spéciale. Cependant, j’ai constaté quelques comportements qui m’ont posés question, des années plus tard. Quand je les avais vécus, rien ne me surprenait.
Le premier souvenir qui m’était revenu à l’esprit est le comportement de certains camarades. Ils avaient la chance de sortir tous les weekends pour rompre la monotonie du lycée et se replonger dans la chaleur familiale. Aucun n’avait pensé ramener un bout de galette, par exemple ou un gâteau, à un de leur ami qui restait une dizaine de semaines sans sortie en dehors de Dellys. Sans y aller jusqu’à demander à ce qu’il l’invite, un week-end, dans sa famille pour passer une soirée chaleureuse à lui. Sentaient-ils la souffrance de leurs camarades internes ?
Pourquoi cette absence de sentiment et d’affection ? Avaient-ils honte et leur pauvreté ? Avez-ils une gêne pour faire connaître leurs mères, leurs sœurs, leurs pères ou leurs frères ? Était-ce un relent du chiisme qui persiste dans nos gênes ? Était-ce une limite de ressources financières pour accueillir un copain pour une soirée ? Était-ce une honte de montrer leurs intérieurs ? Était-ce lié à la tradition ancestrale d’accueil d’un étranger, toute personne qui n’était pas du village, dans un local appelé Ahanou et pas à la maison ?
Le deuxième souvenir concerne un moment de douleur du camarade, Bouzid Titouh de Tazmalt. Un soir, je l’avais vu assis sur le muret devant les salles de classe, une mine défaite et triste, A ses côtés, Ould Abderahmane Malek lui aussi de Tazmalt, 6ème TP, un garçon sensible. Je me suis approché d’eux en leur demandant ce qui se passait. Malek m’avait répondu que Bouzid venait de perdre sa mère. J’avais compris la douleur et la peine de Bouzid, lui qui avait perdu son père pendant la guerre d’Algérie, qui vient de perdre sa mère. Son grand-père avait décidé de ne pas l’informer le jour du décès. Il ne voulait pas le perturber se disait-il. Il avait attendu le jour d’après l’enterrement pour venir en taxi de Tazmalt voir son petit-fils et lui annoncer vive voix la mauvaise nouvelle. J’avais remarqué que peu de camarades, pour ne pas dire aucun, ne l’avaient entouré pour partager sa douleur les jours d’après. Pourtant tout le monde le savait.
On constate effectivement que nos relations étaient dénuées de toute matérialité ou intérêt. Elles étaient également dénuées de toute affection ou sentiment de compréhension de la souffrance ou de la douleur de l’autre. Notre camaraderie manquait de chaleur. Pour quelles raisons ? La monotonie, l’absence de distraction, l’éloignement de la famille, la vie en vase clos avec les mêmes personnes jour et nuit, nous ont-ils transformés en robots ?
Nos difficultés et ‘notre souffrance’ n’étaient liées ni aux finances, ni aux études, ni à la discipline. Elles étaient psychologiques et affectives.
Saïd HAMICHI
Maintenant que j’ai lu cet écrit, la honte me submerge. Le souvenir d’un camarade de lycée qui est actuellement un ami, nous travaillons au sein de la même institution, me revient à l’esprit. Je me souviens du jour ou il avait été informé du décès de sa mère, nous étions en seconde TI de l’année 1974, je l’zi suivi des yeux lors de son départ et je l’ai revu après l’enterrement de sa maman. J’étais incapable de lui manifester aucune compassion. Moi même, j’étais dans une situation qui ne pouvait me permettre d’exprimer une quelconque empathie.
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Nous avons tous vécu ce type de situation. A l’époque, c’était normal. Pourquoi ? Difficile à expliquer.
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