HAMZA AMAROUCHE : une planète littéraire et culturelle, LITACULTURE

Hamza est un intellectuel cultivé, un militant de la culture Amazighe, un homme d’intégration des cultures africaines dans les pays nordiques. Il n’oublie pas ses racines et son pays en maintenant des relations avec l’Algérie.

Hamza awaqur comme nous
Un pays est identifié par son drapeau, sa monnaie, sa culture, sa puissance économique ou militaire….Il est aussi connu à travers des noms de familles politiques, aristocratiques, bourgeoises ou révolutionnaires. Sans énumérer tous les pays de la planète, je ne prendrais que les plus connus, les Kennedy aux USA, les De Gaule en France, les Agneli en Italie, les Hariri au Liban , les Castro à Cuba, les Ghandi en Inde. L’Algérie récente ignore son identité, son histoire, les hommes et les femmes qui l’ont libérés, ses intellectuels, ses écrivains, sa culture  etc….. La Kabylie par contre veille sur l’histoire de ses tribus – 3ruch – Ath Abbas, Ath Waghlis; Iwaquren, Ath Yejjar…Je me risque à dire, que si l’Algérie s’était identifiée à ces tribus, son visage aurait été lumineux. Toute comparaison n’est pas raison, mais, si elle s’était identifiée à Iwaquren et à la famille Amarouche – Ath Mhend Ouali, Ath Ali Ou3mar, – entre autres, elle aurait été une puissance économique et culturelle. Cette famille est un volcan duquel jaillissent, depuis prés d’un siècle, les lumières qui ont éclairé notre histoire contemporaine, illuminent notre culture et notre économie actuelle et nous donnent de l’espérance pour le futur. Ces lumières, qui nous glorifient et qui nous honorent ont des noms. Ahmed était l’un des premiers responsables politiques de l’ENA puis du MTLD. Si Lmouloud Awaqur, son frère, avait pris la relève , il fut un leader militaire et politique de la révolution algérienne. Hmimi, fils orphelin de ce dernier, était devenu professeur de médecine et premier député Awaqur. Dalila, une jeune femme cousine, grande poétesse, militante de la culture Amazighe est devenue écrivaine trilingue, autodidacte. Karim et ses frères, investisseurs à Raffour et propriétaires du Royal Est, n’oublient pas leurs racines; ils transforment leur brasserie en un carrefour de diffusion de la culture berbère, africaine et de manifestations multiculturelles, à Paris. Ce sont autant de figures emblématiques de notre village, de notre ‘3arch’. Si on s’y aventure dans une contrée lointaine, l’Europe du Nord, il y a une autre lumière de cette même famille qui mérite, elle, une attention particulière. Elle se manifeste épisodiquement par des posts et de riches publications sur les réseaux sociaux. Bien sûr, nous sommes nombreux à le suivre ; il s’agit de Hamza Ath Mhend Ouali.

Un signe était précurseur du profil atypique de Hamza. Je l’avais croisé il y a une quinzaine d’années à Raffour, un jour d’août. Il m’avait arrêté sur le bas-côté de la route nationale 5, juste en face du cimetière des martyrs de la guerre de libération. Il s’était présenté en me saluant respectueusement. Je ne le connaissais pas, mais des signes de ressemblance sur son visage, ne laissaient aucun doute sur sa filiation avec Mohand Akli, son père, que j’aimais beaucoup et que j’appelais affectueusement ‘miss Akhalti’ (Fatima). Il m’avait parlé de son projet d’études en Inde ; il voulait avoir mon avis et quelques conseils. Je fus agréablement surpris par ce jeune homme, souriant, détendu et alerte, tenté par ‘l’aventure’ de poursuivre des études en Inde, un pays exotique s’il en est. Comment un jeune Awaqur peut-il avoir un telle idée de se rendre dans un tel pays, dont on ne connait que les musiques de leurs films, dont la fameuse chanson ‘Janito’, me suis-je interrogé ? Les jeunes Iwaquren de l’époque, majoritairement étudiants en sciences et technologies, me demandaient, plutôt, des informations et des conseils sur les universités françaises et occidentales. De plus, tous nos pays d’émigration étaient autour de la Méditerranée et la France en particulier. Ceux qui sont allés plus loin se comptent sur les doigts d’une main. Comme je le fais à chaque fois qu’on sollicite mon avis, je l’avais encouragé, en lui disant que chaque Awaqur qui sort de Raffour, devient une source d’enrichissement. En effet, Hamza était parti à l’extrême nord de l’Europe, à l’opposé de l’Inde.

Alors qui est Hamza Amarouche ? Enfant d’une famille de six frères et une sœur, son père était boulanger, après l’indépendance, avant de devenir instituteur en langue arabe en 1969. Il s’était instruit en lisant des livres et des romans traduits en langue arabe pendant que les pains cuisaient dans le fourneau. Il avait gravi les échelons de l’académie de Bouïra jusqu’à devenir administrateur à la direction de l’éducation, puis directeur de plusieurs écoles. Sa mère est une femme active au foyer à qui revenait la mission de co-éducatrice. Hamza est né en 1982 à Bouira où il a grandi et fait une partie de ses études. Ses parents reviennent à Raffour, au milieu des années 90, pour construire une maison et ainsi préparer la retraite du père et rapprocher la grand-mère Fatima de sa fille et des proches. Il finit sa scolarité au collège de Raffour et au lycée à Zouzamane à Maillot. Il avait réussi son BAC de Lettres et Sciences Humaines en 1999. L’après BAC y allait de soi, comme pour la majorité des jeunes lycéens Iwaquren avides de diplômes. Il faut poursuivre, naturellement, les études à l’université ou dans un institut jusqu’au doctorat à l’étranger quand cela est possible. Hamza avait donc choisi l’université d’Alger, pour préparer une licence d’anglais. Ce choix n’était pas dicté par un objectif professionnel ou diplômant précis, il n’en avait pas. Cependant il savait qu’avec cette langue, il allait s’ouvrir sur la littérature universelle et les cultures du monde, qui étaient déjà son centre d’intérêt. Il avait donc fait ‘comme tout le monde’. Mais, au fond de lui-même, il n’était pas un disciple de cette devise, ‘ faire comme tout le monde’; il le montrera plus tard.

La faculté d’Alger qui révèle Hamza, jeune homme littéraire et cultivé
La faculté de lettres d’Alger s’était avérée une opportunité et un cadre idéal pour mûrir, se connaître et découvrir ‘le monde’ qu’il ne pouvait voir de la ‘fenêtre’ de son village de Raffour. Il prendra le temps de réflexion pour chercher et  répondre aux questions qu’il se posait. Quel est l’intérêt de poursuivre les études après le BAC ? Si oui, dans quel domaine ? Avant tout, qui suis-je ? Que voudrais-je faire demain ? Quant aux études, il ne sera jamais trop tard pour les reprendre, s’était-il dit. Il avait préféré sortir des ‘sentiers battus’ en ‘investissant’ un peu de son temps hors du cursus universitaire. Certains peuvent considérer cette période comme ‘une perte de temps’. Hamza s’était ainsi mis en mode ‘roue libre’ sans objectif précis ni limite de temps. Profitant d’un ’emploi du temps aéré’ des études de licence d’anglais, il ‘butinait’ des connaissances et des savoirs ailleurs que sur les bancs de l’amphithéâtre; à la recherche de sa passion. Quand il l’avait ‘rencontrée dans les bibliothèques et le milieu associatif, il avait suspendu ses études et quitté la faculté, deux années après. Cette décision sage de choisir son destin est un signe de maturité et de responsabilité. Elle suppose d’assumer pleinement ses conséquences. Ne pas revenir à la maison et être à la charge de ses parents, chercher sa voix et s’auto-suffire matériellement et financièrement. Il avait abandonné, momentanément, le confortable ‘statut d’étudiant’ pris en charge par l’état et ses parents pour se ‘vêtir’ d’habits de jeune homme indépendant. Conscient des difficultés qui allaient venir, il s’était imposé trois exigences qui délimitaient son ‘nouveau monde’. Être actif intellectuellement, mobile physiquement et se créer des opportunités de rencontre, d’échange littéraires et culturels entre autres. La navigation dans son ‘nouveau monde’ allait être guidée et facilitée par une boussole et une obsession. La boussole était sa culture en littérature qu’il avait acquise adolescent. Très tôt, dès l’âge de douze ou treize ans, il se cultivait dans la bibliothèque de son père où il s’était instruit, lui-même, pour devenir instituteur en autodidacte.  Hamza avait lu les Nouvelles de Tolstoï et Hamlet de Shakespeare traduit en arabe,  Des jours de Taha Hussein, Les misérables de Victor Hugo, Le fils du pauvre de Mouloud Feraoun (un roman qui l’a visiblement marqué), Le vent du sud de Benhadouga et d’autres œuvres encore. Son obsession, c’est apprendre où qu’il se trouve. Découvrir et réfléchir avant d’agir étaient les autres signes précurseurs de la personnalité de Hamza qui pointait déjà à l’université d’Alger.

Pendant cette période de réflexion et d’hésitation, il avait élu ‘son domicile littéraire’ à la Bibliothèque Nationale d’Alger. Il s’informait de toutes les rencontres littéraires qui étaient organisées à Alger, il n’en ratait aucune. Son talent et son amour pour les manifestations culturelles, littéraires et artistiques l’avaient amené à trouver l’environnement qui lui avait permis d’exprimer et de développer ses capacités intellectuelles et son aisance dans les relations humaines, beaucoup plus à l’extérieur de l’université qu’à l’intérieur. Il s’était éloigné ‘du banc de l’amphithéâtre’ où on devait écouter et mémoriser, pour s’intégrer dans ‘l’université’ de l’autodidacte qui avait formé son père. Il avait pris conscience que son esprit n’est pas dans la logique séquentielle, un temps pour recevoir (apprendre) puis celui de donner (apprendre aux autres et travailler pour les autres). Il est dans la logique de recevoir et de donner, en simultané. Et le terrain de cette logique était hors de ‘l’université du banc de l’amphithéâtre’; il était dans les bibliothèques ouvertes à tous et sans diplômes. Hamza s’était métamorphosé, délaissant ses études d’anglais en 2002 alors qu’il était en 2ème année de licence, pour reprendre les études dans un autre domaine.

Sa vie de jeune intellectuel ‘errant’, allait s’estomper, sans s’arrêter définitivement. En 2000, l’Institut National Supérieur des Cadres de la Jeunesse ouvrait une formation sur concours pour devenir  « conseiller pédagogique de la jeunesse ». La ‘noblesse’ de la mission d’aide des jeunes à s’intégrer dans les établissements qui leurs étaient réservés et la garantie d’ emploi avaient attiré Hamza vers cette formation nouvelle. Elle semblait correspondre à sa vocation. Il avait concouru et était reçu. Les quatre années d’études furent passionnantes. Les matières, qu’on appelle ‘sciences molles’, de sociologie, de communication, d’histoire et des sciences humaines, par opposition aux ‘sciences exactes’ de mathématiques, physique.., furent enseignées par des docteurs émérites dont Hamza se rappelle aujourd’hui. Ces enseignants et ces matières, il les sentaient mieux ; ils l’enrichissaient. C’est là qu’il avait vraiment appris des choses utiles et qui répondaient à ses attentes. Il avait hâte d’appliquer les connaissances acquises dès la fin du cycle de formation, en 2007. A la fin de ses études et avec son diplôme de « conseiller pédagogique de la jeunesse », spécialisé dans la communication et l’orientation, l’entrée dans la vie active dans son ministère ne s’était pas déroulée comme prévu. Le ministère n’avait pas encore préparé les postes pour les nouveaux diplômés. Hamza allait rester deux années sans affectation. Au lieu d’attendre, il avait repris ce qu’il savait faire : assister et participer aux rencontres littéraires, animer des manifestations culturelles et organiser des voyages pour les jeunes à travers le pays et en Tunisie.

En 2009, il avait intégré le ministère de la jeunesse et des sports pour enfin exercer ses fonctions dans l’Office Des Etablissements de Jeunes de la wilaya d’Alger (ODEJ). Il s’était senti faire partie de ceux et celles qui allaient apporter une aide aux jeunes et contribuer au développement culturel dans le milieu associatif. Avec son esprit ouvert, il s’informait sur tout ce qui se rapportait à la jeunesse, y compris à l’étranger. Profitant de ses vacances dans les pays de l’Europe du Nord, la Finlande et la Suède notamment, il avait scruté leurs politiques de développement de la jeunesse pour s’en inspirer et éventuellement les adapter en Algérie. Effectivement, il a été intéressé par leurs méthodes de formation; il voulait les intégrer dans son programme de travail.  Il avait notamment proposé de renforcer la stratégie de communication au sein de la direction de la jeunesse et des sports d’Alger. Sa proposition était restée sans suite; et ses espérances s’évaporèrent. Il avait compris qu’il allait devenir un fonctionnaire administratif et que toute ‘nouvelle idée’ allait être une source de dépense d’énergie inutile et éventuellement de conflits. Hamza ne pouvait accepter de morfler dans une administration tatillonne qui le condamnerait à l’inactivité et à l’oisiveté. Libre penseur, littéraire et multiculturel dans un pays géré par une administration, il avait compris que l’Algérie ne veut pas changer. Pourtant il avait un poste ‘de pouvoir bureaucratique’ pour s’enrichir financièrement et matériellement. Ce n’est pas la voix qu’il avait choisi. Il voulait servir son pays, comme ses parents l’avaient éduqué et comme ses aïeuls lui avaient donné l’exemple, mais ne pas se servir de lui. Ne pouvant contribuer pour construire son pays, il avait choisi de rester fidèle à ses principes quitte à aller ailleurs pour le faire.

L’Estonie et la Finlande, révèlent Hamza le littéraire universaliste  
Son appétit d’apprendre, de découvrir et de construire n’étant pas assouvi en Algérie, Hamza ne pouvait s’y soumettre. Il était donc résolu à partir dans les contrées lointaines et froides d’Europe du Nord qu’il connaissait plus ouvertes et plus accueillantes. L’attrait de ces pays par leurs modèles éducatifs lui avait dicté sa destinée, quelques années plus tard. Après une période courte passée au ministère de la jeunesse et des sports, Hamza décide de quitter le pays pour l’Estonie où il était arrivé avec une riche expérience d’étudiant, de conseiller de jeunes dans un ministère et de connaissance du monde littéraire en Algérie. Une vie nouvelle commençât, caractérisée par une grande volonté pour faire face à l’inconnu. Dès sa première année en Estonie, il avait étudié l’estonien à temps plein pour intégrer la société et la culture estonienne. A l’occasion de la tenue d’un séminaire international organisé par l’Union des villes baltes et la ville de Tartu sur l’accompagnement des groupes vulnérables dans les pays baltes et scandinaves en 2013, il était déjà l’animateur de ce séminaire, en anglais. Entre temps, il devint un membre actif dans le réseau international Let’s Do It! (faisons-le !) World pour la protection de l’environnement (initié en 2008). L’année, riche d’expérience, passée en Estonie, l’avait convaincu qu’il avait fait le bon choix de venir dans cette région du monde. Une année après, il décide de partir en Finlande. Ce pays dont il ‘rêvait’ pour étudier quand il l’avait visité la première fois en 2011, lui avait donné l’opportunité de s’épanouir et de s’enrichir intellectuellement, jusqu’à ce jour. Il lui a aussi permis d’exhausser son vœu de poursuivre ses études supérieures. Sa curiosité, sa soif d’apprendre et d’entreprendre y ont trouvé l’écho, dans le dépaysement total. La diaspora algérienne se limitait, à l’époque, à quelques centaines de personnes et iwaquren, aucun. Sans diplômes reconnus à l’étranger, il était muni de son expérience, son intelligence, sa culture, ses seuls bagages. Sa personnalité ‘d’explorateur’ et de curieux; ses forces mentales, intellectuelles et psychologiques, singulièrement sollicitées, étaient ses principaux atouts qui lui avaient permis de ‘réaliser ses rêves’. Cette vie en exil, loin de sa terre natale et des siens, l’avait enrichi professionnellement et intellectuellement. Elle avait aussi fait ressortir avec acuité l’oppression de son appartenance et de son identité. Il s’était rendu compte du manque de sa culture kabyle à laquelle il tenait tant. La fibre militante kabyle née et façonnée pendant deux années d’étude de Tamazighte au collège et au lycée s’était réveillée. Avec les acquis fondamentaux de cette période, il s’était investi dans l’apprentissage de cette langue et ‘la recherche’ sur la culture amazighe. Il partage régulièrement ses connaissances et son savoir sur les réseaux sociaux. Son engagement actif culturel avait ainsi pris une dimension internationale avec les traductions en Tamazighte de plusieurs ouvrages littéraires des pays baltes et Nordiques.

Une longue période s’ouvrait devant lui avec plusieurs inconnues ; la langue, la culture et les études. La vie quoi ! Dans ce cas, il n’avait d’autres choix que de savoir conjuguer ses forces et son courage pour étudier, travailler et résister aux tempêtes. C’est ‘le cocktail’ de tout ‘exilé étudiant ou intellectuel’ sans ressources. C’est ce qu’il fît. Il avait franchi les obstacles en gérant le temps et en évitant la précipitation. Après avoir étudié le finnois à temps plein pendant une année, comme en Estonie, il avait intégré, en 2015, le centre culturel international Caisa, à Helsinki, comme ‘assistant de communication’. Il était chargé de la promotion des événements culturels entre les communautés étrangères dans la Ville d’Helsinki. En 2016, il a été recruté comme coordinateur chargé de la promotion des activités culturelles dans les centres culturels de la ville ; avec un effort particulier axé sur la diversité et le multiculturalisme. Plus de 60 événements ont été organisés, des dizaines d’artistes ont été impliqués dans le forum culturel et artistique finlandais. Depuis, il n’a jamais arrêté de se former en travaillant. Il partage son expérience, publie des informations sur ses traductions et fait connaître les personnalités étrangères ‘actives’ dans la culture berbère. Ses contributions sont une mine d’informations et de connaissances sur la vie culturelle, la diversité et les modes d’intégration en Finlande. Elles peuvent constituer une bibliothèque. Son réseau de personnalités éminentes, d’intellectuels et de journalistes de plusieurs nationalités, construit en si peu de temps ressemble à un ministère de la culture. La richesse et l’étendue de ses savoirs impressionnent. Il est, à lui seul, une planète que j’appellerai LITACULTURE (littérature et culture).

En 2018, il avait obtenu un diplôme professionnel en ‘communication de marketing’, puis un master 2 des arts et de la culture en ‘média management’. En même temps, il étudiait le suédois qui est également une langue officielle en Finlande. En Janvier 2019, il avait rejoint la télévision et la radio suédophone finlandaise YLE comme journaliste pour réaliser un projet multiculturel. Dans ce projet qui a duré quelques mois, il avait réalisé une série de vidéos pour promouvoir les immigrés talentueux en Finlande. En octobre 2019, il a été recruté comme producteur culturel dans le but de planifier des événements culturels au sein des différentes communautés dans un projet lancé par la Ville d’Espoo (deuxième grande ville en Finlande). En même temps, il avait suivi une formation de six mois sur ‘la gestion de projet’. Avec une tel parcours, il est devenu celui dont l’évocation du nom ou du prénom fait réagir dans les instances culturelles des pays Nordiques notamment dans les domaines de la promotion multiculturelle et la diversité.

Hamza avait compris, très tôt, que pour créer ou participer à des évènements, nouer des relations et s’intégrer dans une communauté étrangère, la connaissance de la culture et de la langue sont le sésame. Hamza l’avait vécu déjà en Algérie en apprenant l’anglais en plus de l’arabe et du français qui ne sont pas ses langues maternelles. En Finlande, il avait élargi sa palette de langues. Il parle, lit et écrit dans cinq langues – tamazight, arabe, français, anglais, finnois. Il pratique l’estonien et le suédois dont il connaît les bases. Il avait rencontré des figures de la littérature balte et scandinave : les écrivain(e)s et journalistes finlandais et suédophones connus comme Vivi-Ann Sjögren, qui avait visité l’Algérie et écrit sur ses voyages dans ce pays ; la journaliste finlandaise Carita Backström, qui avait côtoyé Mohamed Dib pendant les années 70, le fameux bédéiste Ilpo Koskela, le journaliste sportif polonais  Michał Zichlarz. La liste d’intellectuels qu’il rencontre et auxquels il rend visite de temps en temps pour échanger sur la l’art et la littérature serait longue à dresser ici. En parallèle de toutes les diverses activités, il avait enseigné la langue amazighe en anglais à l’université de Helsinki en 2016. Il avait traduit en Tamazight, six livres dont un recueil de poèmes du poète suédois Tomas Tranströmer (Prix Nobel de la littérature en 2011), les contes de fées de Christian Hans Andersen et un  recueil du célèbre poète estonien Jaan Kaplinski, nominé plusieurs fois pour le prix Nobel de littérature. Parmi ses traductions en Tamazight:  »Timucuha n Christian Hans Andersen » (2018), ‘‘Walaɣ tafukt seg usfaylu, sɣur Jaan Kaplinski » (2017), ’Ammud n yisefra, sɣur Tomas Tranströmer’’ (2016), ‘’Astewtew n cciṭan, sɣur Ilpo Koskela’’ (2016),  »Ccḍeḥ n uɣerda, sɣur Pirkko-Liisa Surojegin’’ (2015) et  »Aɣeṛṛabu n ugafa, sɣur Ilpo Koskela’’ (2015).

Ne se limitant pas à en recevoir, il partage ce qu’il apprend en culture, en littérature et expérience, avec les algériens et les ‘exilés’ comme lui. Il écrit des articles sur la vie culturelle en Finlande et réalise des entretiens avec des personnalités culturelles qu’il publie dans le journal Le Matin d’Algérie. Il collabore avec des institutions et des associations qui activent dans l’intégration, la diversité et le multiculturalisme, en Finlande.  Il agit aussi, attentionné par les autres, en utilisant les leviers de la littérature, de la culture et de l’art pour intégrer et réunir les diversités sociologiques et ethniques. Malgré ses activités multiples et ses obligations professionnelles, il n’a pas oublié une passion, la recherche des faits historiques de la guerre d’Algérie dans sa région et dans les villages Iwaquren, Taddert Nljedid et Ighzer. Il s’intéresse en particulier à un grand homme de la révolution algérienne, Si Lmouloud dont il prépare un récit sur lequel il travaille depuis 2012. Mais pas seulement. Il s’intéresse aussi aux femmes militantes et combattantes, Zouina Ath 3li par exemple. Hamza est un intellectuel cultivé, un militant de la culture Amazighe », un homme d’intégration des cultures africaines dans les pays nordiques. Il n’oublie pas ses racines et son pays en maintenant des relations avec l’Algérie.

Le parcours de Hamza mérite d’être connu par nos jeunes. Il n’y a pas pléthore de jeunes talents comme lui en Algérie des dernières décennies. Son cursus de formation, de 1999 jusqu’au début des années 2012 à Alger, est une source d’enseignement. Une quinzaine d’années avant de ‘s’exiler’, il avait passé quatre années sur les bancs d’un amphithéâtre à l’université et le reste du temps dans ‘la nature’ sociale et littéraire. N’est-ce pas un parcours exceptionnel et unique pour un jeune awaqur parti de Raffour avec un BAC en Lettres et être arrivé à ce zénith ? S’il était parti dans une région du nord, ce n’est pas pour se réfugier ou passer inaperçu. Il était parti pour explorer, découvrir, être surpris, être perdu pour ensuite se retrouver, seul. C’est un périple sans assistance. Il n’est pas un exilé économique ; il est un exilé intellectuel et culturel….Hamza est un homme cultivé, mondialiste et universaliste. Il suit le chemin pour devenir notre ‘Vaclav Havel’. Il est un homme naturel qui construit sa vie en fonction de son instinct et de sa vision du monde ; assoiffé de découverte et de savoirs. Sa devise dans la quête des savoirs est : il sait qu’il ne sait et ne saura jamais assez. Montrer qu’on sait peu est un signe de quelqu’un qui sait beaucoup.

Ce récit décrit un homme de convictions fortes ‘inébranlables’ et impossible à influencer. S’il l’a été, c’était dans son enfance par ses parents et en particulier par son père qui lui avait inculqué les valeurs fondamentales humanistes et de curiosité. Le résultat de ‘cette influence’ qui est au fait une éducation, est édifiant, prodigieux même. C’est un roseau qui s’incline pour laisser passer le vent et revenir à son état naturel après la tempête. Son cursus montre une homme qui ne se fixe aucune limite dans la recherche de ce qui l’intéresse. C’est un insatisfait éternel qui s’évertue tant qu’il n’a pas atteint la perfection. Quand il n’a pas quelque chose, il l’a crée.

Le polyglotte briseur de glace de la banquise est aujourd’hui une lumière de la culture Amazighe dans le nord de l’Europe. Dans sa planète ‘sans frontière culturelle’, il sait où il se trouve. Il voudrait que le monde soit accessible à tous comme il l’est pour lui. Il est ‘inconscient’ de son pouvoir de franchir des montagnes sans effort et sans avoir ‘besoin d’oxygène’. Quand il parle de ce qu’il a fait et de ce qu’il fait, tout lui semble normal et à la portée de tous. Il peut briser la mer de glace sans brise-glace, rien qu’avec ses paroles et sa volonté. Le choix des pays nordiques n’est pas fortuit, il répond à son tempérament d’explorer, de rentrer en contact en douceur sans bousculer les gens, de sonder avant de creuser, d’approcher les gens tout en restant dans la correction. C’est ‘un aimant’ qui attire les gens sincères et cultivés. C’est un tisseur de réseau multinational qui rapproche les cultures du sud et du nord. Le sud lui convient pour transiter et le nord pour explorer
Saïd HAMICHI

2 commentaires sur « HAMZA AMAROUCHE : une planète littéraire et culturelle, LITACULTURE »

  1. Tout d’abord, je voudrai te féliciter et te remercier, cher Saïd, pour le travail que tu accomplis et pour les efforts que tu fournis pour nous faire découvrir des faits et des hommes (femmes et hommes) et particulièrement des Iwaquren.
    Avec ton papier d’aujourd’hui, que j’ai lu d’un trait, tu mets des projecteurs sur une PERSONNE que j’avais découverte, comme toi, il n’y a pas très longtemps et que, depuis, j’aime beaucoup.
    D’abord parcequ’il est le fils d’un grand Homme et le petit fils d’une grande Femme avec lesquels, nous partagions le même toit, à Tazmalt, chez mon grand père maternel, après la déportation.
    Ensuite et grâce aux miracles de facebook, j’ai découvert, en lui, une source (comme tu dis) de culture inépuisable, une intelligence affinée et une éducation hors du commun (Mohand Akli est passé par là).
    J’avais commencé à l’aimer et je l’aime de plus en plus, un peu plus en découvrant ce méga itinéraire, hors du commun, que tu viens de nous offrir et devant lequel je m’incline.
    Un jeune homme, très tôt éclairé et très tôt avide de savoir et d’aventures (intelligentes).
    Il les a toutes réussies et, aujourd’hui, il rejoint la famille des ELITES de notre ARCH dont tu es une pièce maîtresse, Saïd et dont je suis extrêmement fier.
    A tous les deux, je vous envoie un salut fraternel de Taddart d’où je reviens il y a un instant.
    Portez-vous bien et prenez soin de vous.
    Au plaisir de vous revoir … sans les masques et en toute liberté.
    Mohand Saïd At Mussa

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